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L'enfant libre
20 avril 2024

Les injonctions à plus de répression ne régleront pas la question de la violence

Gabriel Attal n’a pas failli à la règle, comme bon nombre d’hommes politiques, il s’empare d’une question de société réellement préoccupante pour en faire une opération de communication  idéologique. Pas pour répondre  sérieusement à la question de la violence qui ne concerne d’ailleurs pas seulement les collégiens ou les adolescents mais pour un étalage de mesures totalement tournées vers la répression. Un discours à seule visée électoraliste qui vient renforcer les idéologies autoritaires  dans le contexte des élections européennes.

 

Si Gabriel Attal avait voulu  réellement s’attaquer à la question de la violence chez les jeunes, il aurait commencé par dire : « La culture de la violence éducative c’est fini ! ».

 

Parce que les prémisses de la violence coïncident avec les premiers pas du petit enfant, dans cet espace de grande insécurité : l’espace familial. C’est la Fondation pour l’Enfance qui le dit dans son baromètre sur les Violences Educatives Ordinaires :  près de 8 parents sur 10 déclarent avoir recours à une violence éducative ordinaire, qu'elle soit physique ou morale. Et près de 60% disent toujours user de violence physique à l’égard de leur progéniture.

https://www.fondation-enfance.org/2022/10/21/la-fondation-publie-son-1er-barometre-sur-les-violences-educatives-ordinaires/

 

Parce que la violence, ça s’apprend, Monsieur le Premier Ministre,  dans un espace qui n’est pas la rue, vous qui voulez interdire la rue aux collégiens, mais dans la famille, un espace de non droit pour les enfants, soumis à l’arbitraire et à la domination violente des adultes.

 

Une domination exercée souvent dès les premiers jours de vie et dont lissue est parfois fatale. Lisa, trois ans, Louka, 5 ans, Mathéïs, 3 mois, Louna, 2 mois ont été tués dans leur famille. (https://www.lemonde.fr/societe/article/2024/03/14/infanticides-lisa-louka-matheis-chronique-de-trois-drames annonces_6221907_3224.html)

 

Tous les quatre ou cinq jours, Monsieur le Premier Ministre, au moins un enfant meurt dans sa famille, estimation (sans doute sous-évaluée de la CNCDH.) Il ne sagit  plus dune succession de faits divers, mais dun problème systémique qui concerne la grande majorité des familles.https://www.cncdh.fr/publications/avis-sur-les-morts-violentes-denfants-dans-le-cadre-familial-2023-6

 

 

Et où regardez vous Monsieur le Premier Ministre quand vous parlez d’une « spirale daffaiblissement de lautorité » ? Comment faîtes vous pour ne pas voir ce nombre bien réel de familles où règne la violence des mots et des coups et qui fabrique des enfants qui se sont blindés pour survivre à la violence  et qui ont perdu toute empathie ?

 

Vous sous-entendez, Monsieur le Premier Ministre que les parents seraient démissionnaires, trop permissifs. pas assez coercitifs. Ne pourriez vous pas éviter cette facilité démagogique ? Et vous pourriez reconnaître qu'un enfant n'en vient pas à tuer parce qu'on l'a laissé tout faire, mais parce que des adultes, bien souvent ses  parents lui ont donné l'exemple de la violence depuis qu'il est petit par l'arbitraire des règles familiales qu'ils lui ont imposées, l'incohérence affective et la brutalité éducative auxquelles ils l'ont soumis.

 

Monsieur le Premier Ministre, vous confondez éducation et dressage, autorité et soumission à l’arbitraire. Vous êtes vous demandés comment des parents, qui ont toujours «maté» leur enfant, pouvaient comprendre qu’il leur soit reproché de ne pas avoir assez serré la vis ?

 

Vous avez sans doute saisi que cette question de la violence ne pourra trouver une issue par des rodomontades et un appel à une coercition généralisée de la jeunesse.

 

Monsieur le Premier Ministre, engagez au plus vite un plan d’urgence pour les services dédiés à la petite enfance et à la protection de l’enfance sinistrés par le manque de personnel, et de moyens à la hauteur des besoins.

 

Monsieur le Premier Ministre, mobilisez votre dynamisme pour restaurer un grand service public du soin psychique des enfants et des adolescents.

 

Et enfin, Monsieur le Premier Ministre, n’attendez plus pour mettre en place une véritable politique de prévention de la violence éducative dans la famille et dans tous les lieux fréquentés par les enfants. Ce qui exige bien sur un plan de formation pour l’ensemble des professionnels concernés, comme le prévoyait la loi du 10 juillet 2019 qui visait à interdire les violence éducatives ordinaires.

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  • Ce blog est destiné à donner la parole à l'enfance, à promouvoir et défendre le respect inconditionnel des besoins de tous les enfants et à dénoncer la violence dont ils sont l'objet dans le cadre familial et dans tous les espaces où il se trouvent.
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