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L'enfant libre
16 septembre 2021

Boris Cyrulnik et la violence éducative

 

Boris Cyrulnik et la violence éducative

 

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Boris Cyrulnik écrit beaucoup, il a notamment participé à une meilleure connaissance de la théorie de l’attachement. Il a également mis en avant la notion de résilience comme processus de réparation de soi après un ou des traumatismes. Dans l’un de ses derniers ouvrages, « La nuit  j’écrirais des soleils », il revient sur cette faculté humaine de pouvoir encore « écrire des soleils » malgré ce qu’il appelle « des enfances fracassées ».  Il s’appuie pour cela sur sa propre histoire et celles de personnages connus.

 

La théorie de l’attachement  et la violence éducative

 

Dans ce livre comme dans beaucoup  d’autres,  Boris Cyrulnik fait référence à la théorie de l’attachement. La question de la violence éducative est  bien présente dans l’oeuvre du fondateur de la théorie de l’attachement, John Bowlby. Il a en effet régulièrement alerté des dangers de la violence éducative, auprès de ses collègues psychanalystes. Dans les années 1980 il invitait ses collègues thérapeutes à porter davantage leur regard et leur attention de clinicien sur la réalité et les conséquences de comportements éducatifs caractérisés par l’usage de violence physique et psychologique.  (John Bowlby Le lien, la psychanalyse et l’art d’être parent. Albin Michel  2011) 

  

Il disait avoir une vision optimiste de la nature humaine : « Contrairement à la psychanalyse classique qui trouve dans le coeur humain confirmation de l’idée de péché originel, cette approche ( la théorie de l’attachement) reconnait comme originels la bonté et le souci d’autrui, qualités qui prendront l’ascendant si elles ne sont pas entravées. C’est une vision de la nature humaine d’un optimisme prudent et que je pense justifiée. ». (Bowlby John. Amour et rupture : les destins du lien affectif  Albin Michel-2014 p 41)  

 

Il insistait également sur l’importance qu’il y avait à permettre à l’enfant d’exprimer ses émotions en les accueillant avec bienveillance : « Rien n’aide d’avantage un enfant que de lui permettre d’exprimer son hostilité et sa jalousie en toute franchise, directement et spontanément. ». ( Bowlby John. Amour et rupture : les destins du lien affectif  Albin Michel-2014 p 37)  Il considérait que les châtiments ou la culpabilisation de l’enfant le rendaient coupable de ses sentiments et le conduisaient à enfouir et dissimuler ses ressentis et ses émotions. Il s’insurgeait contre le manque de tolérance de nombreux adultes : « C'est là chose curieuse que de constater combien d’adultes intelligents pensent que la seule alternative à laisser un enfant n'en faire qu'à sa guise est de lui infliger des châtiments… Que le châtiment constitue un moyen de contrôle efficace est pour moi une des plus grandes illusions de la civilisation occidentale.».  (Bowlby John. Amour et rupture : les destins du lien affectif  Albin Michel-2014 ) Pour lui, les châtiments corporels produisaient des rebelles ou des délinquants, et la culpabilisation fabriquait de la honte, et de la névrose. 

 

Sa clinique s’est basée sur l’observation des interactions enfants/parents qu’il estimait déterminante pour comprendre l’origine des névroses. Il accordait une importance essentielle à la relation du jeune enfant avec sa figure d’attachement : « Le modèle de soi d’un bébé est profondément influencé par la manière dont sa mère le voit et le traite, ce qu’elle refuse de reconnaître en lui, il ne va pas non plus être capable de le reconnaître en lui-même. » ( Bowlby John Le lien la psychanalyse et l’art d’être parent  Albin Michel 2011 )

  

Paradoxalement, dans son livre, Boris Cyrulnik minimise les effets de la violence éducative, il va parfois jusqu’à en nier l’existence. Certaines de ses affirmations et conclusions concernant le devenir des enfants maltraités par leurs parents sont extrêmement contestables.

 

 

 

Le coût élevé de la résilience 

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Le chapitre 18 évoque l’enfance de l’acteur Gérard Depardieu, à partir de ce que Depardieu en a écrit.( Depardieu G. Ça s’est fait comme ça. XO Editions. 2014) Boris Cyrulnik nous dit : « le bébé Depardieu n’a probablement pas été isolé, au  cours des premiers mois de sa vie. Même si sa mère « La Lilette » a voulu l’empêcher de venir au monde avec des aiguilles à  tricoter … le nouveau né a été entouré de cris, de rires, de disputes, de père alcoolique chancelant et de mère « grosse comme une vache ». Boris Cyrulnik poursuit : « ça vivait intensément dans ce monde préverbal, ça a éveillé le cerveau  de l’enfant, ça a développé son aptitude à  la relation ». 

Comment peut se débrouiller un très jeune enfant confronté à un environnement aussi chaotique et insécure ? Que fait-il des tempêtes émotionnelles qui envahissent certainement son psychisme dans un tel contexte ?

 

Boris Cyrulnik n’évoque aucun tuteur de résilience auprès du petit Depardieu. Or, nous savons aujourd’hui que faute de témoin secourable la plupart des enfants maltraités n’ont guère d’autre choix que de  réprimer leur fureur et leur souffrance pour continuer à vivre dans un environnement familial hostile. Alice Miller écrit : « le silence de l'oubli s’étend donc sur toute cette réalité, les parents sont idéalisés, ils n'ont jamais commis la moindre faute… » (Alice Miller. La connaissance interdite. Aubier 1990  p 237 238)    

 

Beaucoup de ces enfants cherchent à oublier ce qu’ils ont subi au début de leur vie et nient leurs souffrances précoces. Et lorsque les parents sont les auteurs des mauvais traitements, ils ont peu de chances de trouver un témoin lucide pour prendre leurs souffrances au sérieux. 

 Plus loin, (p 31) Depardieu, est à nouveau cité : « jamais le Dédé (son père), ne s’inquiète de savoir où je suis (…) Je ne suis pas malheureux. »  … Des camionneurs, des forains me proposent de me sucer la bite. Je réponds « pognon », je dis mon prix, j’ai  dix ans (…). 

Boris Cyrulnik commente : « ce qui aujourd’hui serait ressenti comme une très grave agression sexuelle intéressait beaucoup le petit Depardieu. »

 

 Ce commentaire assez consternant laisserait entendre que le petit  garçon Depardieu confronté à des agressions sexuelles en aurait fait une expérience intéressante. Ne sont envisagés aucune éventuelle souffrance ou traumatisme consécutifs à ces agressions. Gérard Depardieu, n’est jamais présenté comme une éventuelle victime aussi bien lors de ces agressions sexuelles qu’au cours  de sa petite enfance chaotique et jalonnée de violence. 

 

La résilience de Gérard Depardieu se serait opérée grâce à une fréquentation des mots des grands auteurs et lui aurait ainsi permis de devenir un grand acteur. Rien n’est  dit sur l’être qu’il est devenu et notamment quel compagnon, quel père il a été, et s’il est parvenu à se défaire des effets de la violence qu’il a subie. Car la capacité à prendre conscience de la réalité de la maltraitance subie ne dépend pas seulement du degré d’intelligence. Il faut aussi pouvoir librement accéder à sa personnalité authentique,  ce que le philosophe Michel Terestchenko nomme la qualité de la présence à soi lorsqu’il évoque notamment le comportement des justes pendant la seconde guerre mondiale. (  Michel Terestchenko Banalité du bien, banalité du mal » Un si fragile vernis d’humanité éditions la découverte poche)

 

Rappelons que la violence éducative a cette particularité d’être administrée par les parents qui représentent aussi la principale base de sécurité pour l’enfant. Si l'agression vient de cette base de sécurité, tous les repères de l’enfant sont bouleversés et les conséquences sont très nombreuses : l’enfant va entre autre perdre estime de soi et empathie pour sa souffrance et à moyen terme la souffrance des autres.

 

 Le chapitre 21 du livre est justement en partie consacré à celle qui a vraiment mis en lumière les conséquences de cette violence éducative : Alice Miller. Boris Cyrulnik tente de démontrer l’absence de liens entre la violence éducative subie dans l’enfance et la violence prodiguée à grande échelle par certains responsables politiques. 

 

 La critique de la résilience  

 

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Alice Miller est  présentée comme une pionnière ayant dénoncé la maltraitance, (Boris Cyrulnik. La nuit j’écrirais des soleils. Ed Odile Jacob. p 145) or l’ensemble de son oeuvre aborde toute la question de l’éducation au delà de la seule question de la maltraitance. 

  

Elle a contribué à redéfinir cette notion en y incluant toute action de l’adulte qui ne respecte pas les besoins de l’enfant et qui lui interdit de se révolter en lui imposant l’idée que c’est pour son bien.  Et c’est  en cela que son travail est essentiel car il nous conduit à repenser la globalité de notre rapport à l’enfant, notamment lorsqu’elle dénonce dès ses premiers écrits le principe même d’éducation :

 

« Ma position anti-pédagogique n’est pas orientée contre un certain type  d’éducation mais contre l’éducation en soi, même lorsqu’elle est  anti-autoritaire ».  ( Alice Miller. C’est pour ton bien. Ed Aubier. p 118)

 

Pour Alice Miller, tous les conseils donnés pour l’éducation des enfants sont en fait des expressions des besoins de l’adulte dont la satisfaction n’est  absolument pas utile à l’enfant mais au contraire peut entraver son développement.

L’enfant a besoin  d’une figure d’attachement qui le sécurise quand il en a besoin et qui l’accompagne dans son désir de découvrir le monde, sans chercher à l’éduquer.

 Alice Miller a critiqué la notion de résilience, non pas comme l’écrit Boris Cyrulnik sur le fait que  « si les traumatisés s‘en sortent, leur amélioration risque de relativiser le crime de l’agresseur » (p 149). 

 Ce qu’elle a reproché à la théorie de la résilience telle que développée par Boris Cyrulnik, c’est d’ignorer les effets de la violence éducative habituelle. C’est d’en minimiser les effets à long  terme et laisser croire qu’elle n’a aucun lien avec la maltraitance, alors que toutes les enquêtes montrent que la maltraitance est la partie émergée de l’iceberg, la partie immergée, étant l’ensemble des mauvais traitements subis par la quasi-totalité des enfants sous couvert d’éducation. 

 Par ailleurs, tous les écrits d’Alice Miller insistent sur le rôle très important du  témoin secourable ou  témoin lucide qui permet à l’enfant ou à l’adulte qu’il est  devenu  de prendre conscience qu’il a été maltraité par ses parents qui prétendaient l’éduquer.  Tous les enfants maltraités ne deviennent pas maltraitants, mais tous les adultes maltraitants ont été des enfants maltraités ou  humiliés. Et c’est là la troisième incohérence des affirmations de Boris Cyrulnik quand il affirme que les responsables nazis étaient des enfants « gâtés ».

 

 Quelle enfance ont eue les responsables du nazisme ?

 

 Boris Cyrulnik reprend la biographie d’Hitler, il décrit  « un petit garçon pleurnichard, manipulateur, mauvais élève qui n’était pas capable de préparer les concours de l’administration douanière où son père excellait ».(p 154) 

 

Cette description de l’enfant Adolf Hitler nous ferait presque éprouver de la compassion pour ce pauvre père d’avoir à éduquer un enfant aussi incompétent et insupportable. Que cherche Boris Cyrulnik par cette présentation aussi dépréciative de l’enfant Adolf Hitler ? A justifier la violence d’un pauvre père « accablé » par un garçon pleurnichard ?

N’est-il pas légitime de se demander dans quel environnement cet enfant a du grandir pour en arriver à développer de telles difficultés de comportement ?  

Un peu plus loin, il évoque « l’enfance confortable d’Adolf, servi par sa mère, sa soeur et sa tante Johanna. Ces trois femmes protégeaient l’enfant quand son père lui flanquait des dérouillées. C’est ainsi qu’on élevait les garçons en Europe à cette époque. » (p 154)

Boris Cyrulnik s’appuie sur l’historien Ian Kershaw, pour étayer son analyse, voici ce que ce dernier écrit à propos d’Adolph Hitler dans une interview  :  (https://www.parutions.com/pages/1-4-100-2167.html ) « … Je ne suis pas psychologue. Mais il existe un type de pathologie que les psychologues appellent la schizophrénie. Les personnes atteintes de ce pathos ont une difficulté réelle à établir des contacts avec les autres … Mais on ne peut pas parler de relations humaines pour autant puisqu’il n’y a que manifestations extérieures, disons dans le cas de Hitler, les applaudissements des masses, toute une énergie issue des foules et dont il se nourrissait littéralement. Cette énergie consolait son manque d’estime personnelle mais ne l’aidait pas à nouer des contacts avec les autres. D’où son besoin de manifestations en public, et son isolement dans les moments les plus intimes, au point de rejeter toute manifestation d’humanité, de chaleur humaine au contact des autres. La brutalisation du personnage, son inhumanité viennent directement du peu de considération qu’il avait de lui-même. Il la contrebalançait par une projection sur les masses et l’image qu’elles lui renvoyait, celle d’un chef aux dimensions d’un Dieu … 

 

 Peut on sérieusement supposer qu’une telle personnalité adulte ait pu se développer dans un univers familial « confortable » comme l’affirme Boris Cyrulnik ?

 Outre que personne n’a empêché les « dérouillées » du père, parler en même temps « d’enfance confortable et de dérouillées" par le père  montre à quel point fonctionne le déni de la souffrance d’un enfant confronté à la violence de son père. Le petit Adolf a grandi dans un système coercitif extrêmement violent, sans personne pour le prendre sous sa protection. Comme de nombreux petits(tes) allemands (des) de cette période, il a été confronté à la pédagogie noire. 

 

 La pédagogie noire

 

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Le livre de  Katharina Rutschky : « Schwarze Pâdagogik »  ( La pédagogie noire )  propose un recueil de textes sur l’éducation en Allemagne à la fin du 19ème et début du 20 ème siècle, la période où se déroule l’enfance des futurs responsables du régime nazi.  ( Katharina Rutschky  Schwarze Pädagogik. Quellen zur Naturgeschichte der bürgerlichen Erziehung 1977)     Cette pédagogie n’a qu’une visée : un apprentissage de l’obéissance. Parmi de nombreux textes de pédagogues de l’époque, on y trouve des extraits des écrits du fameux docteur Schreber qui publia plusieurs livres de conseils éducatifs qui furent parfois réédités quarante fois :

 (Schreberun médecin et éducateurallemand, professeur à l'université de Leipzig.  Adepte de méthodes coercitives que Katharina Rutschky qualifiera plus tard de Schwarze Pädagogik (« pédagogie noire »)1, Moritz Schreber est l'inventeur d'instruments et d'appareils visant à corriger les enfants. Il préconise également l'usage des bains glacés à titre d'outil éducatif. )

 

  • les adultes sont les maîtres (et pas les serviteurs) de l’enfant dépendant ;
  • ce sont eux qui décident du  bien et  du mal;
  • leur colère est causée par le mauvais comportement de l’enfant ;
  • les émotions, les sentiments intenses sont à proscrire et sont dangereux ;
  • il faut dès le berceau  empêcher l’enfant d’exprimer sa volonté ;

Pratiqués tout au long de l’enfance et de l’adolescence, ces préceptes éducatifs ont permis aux parents qui les appliquaient, de briser la volonté de leur enfant sans que celui-ci ne soit en mesure de retrouver par lui-même l’origine de cette répression.

 

                                  

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Appareils de Moritz Schreber pour obliger les enfants à se tenir droits

 

Cette violence éducative  utilisée pour obtenir l’obéissance des enfants était le lot de la quasi-totalité des garçons et des filles de cette génération, dans l’Allemagne du début du  20ème siècle. Elle a fabriqué des êtres totalement conditionnés et préparés à vivre sous une dictature, sans difficultés majeures. 

 

 Rappelons combien le nazisme a su s’emparer de toutes les structures d’encadrement de la jeunesse, pour en faire des lieux d’endoctrinement, de soumission à l’autorité et de maltraitance, pour conditionner les futurs acteurs de la dictature nazie.  

L’éducation violente des enfants n’est certes pas la seule raison qui pourrait expliquer la réussite du nazisme, mais elle est systématiquement oubliée ou considérée comme négligeable par la plupart des chercheurs, alors qu’elle est présente et fréquente partout sur la planète. 

Olivier Maurel, dans son livre : « La violence éducative, un trou noir dans les sciences humaines » tente de donner une réponse. Il écrit :  

« la quasi-totalité des spécialistes des sciences humaines (psychologues, psychanalystes, sociologues, historiens, philosophes...) qui consacrent des ouvrages entiers à la violence humaine en général, traitent de toutes les sortes de violences mais « oublient » d'évoquer la violence éducative sur les enfants alors qu'elle est très fréquente partout …  je crois, qu'ils ont subi eux-mêmes cette violence, qu'elle les a persuadés qu'elle était justifiée par leur mauvaise nature et donc qu'elle n'était en rien assimilable aux mauvaises violences dont traitent leurs ouvrages. Résultat : ils omettent de parler de la violence qui est probablement à l'origine de toutes les autres. »

 

Oui, la violence éducative laisse des traces, infligée dès le plus jeune âge, elle prépare à rester dans la logique de la loi du plus fort, de la soumission à l’autorité d’un plus fort et/ou en faisant subir à son tour à des êtres plus faibles, ses enfants, son conjoint ou toute autre personne, ce qu’on a subi enfant. 

 Elle est certainement le terreau sur lequel peut facilement prospérer un régime politique autoritaire.

 Et il faut redire que la capacité de résilience comporte une condition essentielle : avoir pris conscience sur le plan émotionnel d’avoir été maltraité au sens où nos besoins ont été niés et notre liberté d’être entravée, ceci pour satisfaire les besoins des adultes. Cela signifie de pouvoir caractériser sans ambiguïté les comportements « éducatifs » des pères et des mères, comme des attitudes nocives et maltraitantes. C’est le premier acte indispensable d’un cheminement vers les retrouvailles avec sa personnalité authentique.    

                                                                                         Le 14 septembre 2021  J P Thielland

 

 

 

 

 

 

 

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