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L'enfant libre
2 novembre 2020

Pas de masques pour les enfants à l'école ... Tribune de libé

Port du masque à 6 ans :avons-nous perdu  l’âge de raison ?

Par Alexandra Flouris, psychologue hospitalière, Pédiatrie, GHU site

Bicêtre, APHP(https://www.liberation.fr/auteur/21474-alexandraflouris)

, Emmanuelle Lacaze, psychologue spécialisée en

neuropsychologie, Service de Neuropédiatrie, Hôpital Trousseau,

APHP(https://www.liberation.fr/auteur/21475-emmanuelle-lacaze) ,

Stéphanie de Bournonville, neuropsychologue, Pédopsychiatrie,

Fondation Vallée et psychologue pour enfants-adolescents en

libéral(https://www.liberation.fr/auteur/21476-stephanie-debournonville)

, Christelle Landais, psychologue clinicienne,

psychanalyste, en Institut Médico-Educatif et en

libéral(https://www.liberation.fr/auteur/21477-christelle-landais) et

Marine Schmoll , psychologue clinicienne en établissements

d’accueil de jeunes enfants et en libéral(https://www.liberation.fr

/auteur/21478-marine-schmoll) — 1 novembre 2020 à 09:00

Port du masque à 6 ans : avons-nous perdu (l’âge de) raison ? - L... https://www.liberation.fr/debats/2020/11/01/port-du-masque-a-6...

1 sur 5 02/11/2020 à 12:36

Cette mesure, prévue dès lundi dans les écoles, risque de nuire aux besoins d'expression de l'enfant sur le plan affectif, langagier, émotionnel, corporel,

s'alarment des psychologues.

 

Alors que nous vivons le deuxième opus de ce confinement, et que

le gouvernement semble avoir pris en compte l’importance du maintien de

l’ouverture des écoles, nous, psychologues, spécialistes de l’enfance, nous

interrogeons sur l’apparition de nouvelles mesures telles que l’obligation du

port du masque à partir de six ans.

Un enfant de six ans, rappelons-le, n’a pas atteint l’âge de raison, c’est-à-dire

qu’il n’a pas encore atteint la maturité cérébrale nécessaire pour penser de

manière abstraite. Il navigue encore entre un imaginaire puissant, et une

réflexion capable de prendre en compte la réalité. Inhiber des comportements

impulsifs reste encore complexe, bien que les règles sociales soient en voie

d’acceptation. Les besoins d’expression d’un enfant de six ans, encore

considéré comme jeune enfant, sont multiples : sur le plan affectif, langagier,

émotionnel, corporel. Toute entrave à cette communication spontanée,

naturelle et nécessaire, si elle n’est pas porteuse de sens, est susceptible de

laisser des traces à long terme.

 

En tant qu’adultes, nous avons appris à travailler quotidiennement avec le

masque, à faire nos courses avec, à le porter lorsque nous parlons à nos aînés,

nos collègues, nos amis, nos connaissances, à le supporter pour tenter

d’endiguer la propagation d’un virus qui ne semble pourtant pas s’arrêter.

Nous prenons sur nous pour accepter ce qui nous semblait autrefois

inacceptable, en espérant que nos efforts porterons un jour leurs fruits. Nous

quittons pour cela la logique immédiate et utilisons constamment notre

pensée abstraite pour inhiber nos comportements impulsifs.

 

Mais tous les jours nous touchons à ce masque encore trop grand qui nous

tombe sous le nez, nous l’enlevons chaque fois que nous avons l’opportunité

de nous retrouver seuls, nous supportons les maux de tête, les sensations de

vertige et de manque d’oxygène. Nous le changeons lorsqu’il est trop humide,

notamment quand nous avons parlé longtemps avec. Nous souffrons de ne

plus voir le sourire de l’autre, et adaptons en permanence notre

communication pour être mieux compris, parlons plus fort, précisons

fréquemment l’état et les nuances de nos émotions.

 

Un enfant de six ans est toute la journée en collectivité. De 8h30 à 16h30 a

minima, il ne peut se dérober au groupe. On lui demande d’apprendre à lire et

à compter avec 15, 20, 30 de ses congénères. Il s’agirait donc de porter ce

masque en permanence, sauf au moment du repas, sans le manipuler ou

l’utiliser de manière inadéquate, ce que nous nous permettons de douter. Les

enfants tenteront sans aucun doute de nous écouter, de s’adapter à cette

nouvelle norme que nous leur imposons, de se conformer. Mais est-ce

réellement dans leur intérêt, et à quel prix ? Nous parlons là de coût

psychique, bien entendu.

 

Ces derniers mois, les Sociétés de pédiatrie n’ont eu de cesse de nous rappeler

l’importance de mesures assouplies et raisonnables entre enfants et en

particulier en milieu scolaire, y compris concernant le port du masque. (1)

Pour protéger qui cette nouvelle décision est-elle actée ? Les enfants entre

eux ? Leurs parents ? Leurs grands-parents avec lesquels ils ne seront de

toutes façons plus en contact les prochaines semaines ?

 

S’il s’agit des enseignants, ceux que nous rencontrons nous racontent leur

lassitude de porter eux-mêmes un masque pour transmettre, pour se faire

entendre, pour se faire comprendre. Ils évoquent leur épuisement à rattraper

les effets du premier confinement sur des enfants qui réapprennent peu à peu

à être élèves, à se concentrer, à utiliser du matériel collectif, à jouer au ballon

sans se sentir menaçant ou menacé.

 

Nous ne pouvons nous résoudre à attendre plusieurs mois voire plusieurs

années d’enquêtes sur les conséquences psychologiques de nos décisions en

temps de Covid alors même que nous disposons d’un siècle d’observations,

d’écrits, de recherches, de connaissances sur la psychologie de l’enfant menés

par nos confrères et consoeurs psychologues, pédiatres, pédopsychiatres,

psychanalystes, développementalistes, neuropsychologues, psycholinguistes,

psychopédagogues…Ces savoirs- là, nous les avons.

 

Si cette guerre sanitaire aura probablement des répercussions psychologiques

inévitables, peut-être même sur plusieurs générations, nous avons le devoir de

nous interroger sur les effets iatrogènes potentiels des armes que nous

utilisons.

 

Un enfant de six ans auquel nous imposons des règles continues,

contraignantes, qui n’ont pas de sens pour lui et qu’il n’est pas en capacité de

respecter, au mieux, pose des questions auxquelles nous tentons de répondre,

si tant est que l’on puisse l’entendre…Au pire, il s’inhibe, il s’agite, il somatise.

Si nous n’y prenons garde, il entame son estime de lui-même, devient anxieux,

voire déprime, comme nombre d’enfants, d’adultes et adolescents que nous

entendons et accompagnons quotidiennement depuis sept mois dans nos

cabinets et consultations, pétris d’angoisses de mort et de sensations de

privations de lien social.

 

Soyons raisonnables, nous qui avons atteint depuis longtemps l’âge de raison.

Ne cédons pas à toutes les peurs, et ne sous-estimons pas le coût de la perte de

l’insouciance et de la liberté d’une qualité d’expression orale, notamment à

l’âge de six ans.

La question des masques à partir de six ans est une des parties immergées de

l’iceberg. Elle montre bien la difficulté à penser l’enfant dans sa globalité et la

prévention de troubles psychiques en état d’urgence, d’autant plus lorsque

cette urgence dure et s’installe.

 

A cette crise aux répercussions sanitaires, économiques et psychologiques

majeures, nous souhaiterions des réponses préventives qui ne prennent pas

seulement en compte l’avis et le conseil de spécialistes en sciences dures et de

syndicats, mais d’experts en psychologie notamment infantile, des

professionnels spécialisés en sciences humaines et personnes

quotidiennement au contact d’enfants.

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